Un joyau musical : le mouvement lent du concerto en sol de Maurice Ravel

Le mouvement lent du concerto en sol pour piano et orchestre de Maurice Ravel est un joyau musical. Parmi les trois mouvements de cette œuvre emblématique du XXe siècle, celui-ci suscite particulièrement mon admiration.

Pourquoi ?

C’est l’héritage de l’histoire de l’harmonie classique enrichi de toutes les subtilités d’accords ravéliens, maniant l’écriture tant modale que tonale. Ce mouvement lent combine une écriture contrapuntique et harmonique qui n’a pas son égal dans la littérature du XXe siècle.

Arturo Michelangeli au piano
Arturo Michelangeli
Sergiu Celibiche
Sergiu Celibidache

L’accompagnement à la main gauche, qui dès le départ alterne une basse et 2 accords en croches, induit en erreur beaucoup d’auditeurs. Oserais-je ajouter d’interprètes ?

Mais Ravel n’a pas indiqué 6/8, mais bien 3/4. D’ailleurs la mélodie de la première mesure est sans équivoque une noire (sol#) suivie d’une blanche (la). De même à la 2e mesure : 3 noires.

Par conséquent la 2e basse de chaque mesure doit être pensée, non sur un temps, mais entre 2 temps en suspension, ce qui donne tout le contraste de cette lente progression. Faites l’expérience de battre la mesure à 3/4, ressentez le lent  balancement de cet adagio à la main gauche.

Il fait sonner en même temps si bécarre, la bécarre (main droite) version descendante de do# mineur mélodique et si#, la# (main gauche) version ascendante de do# mineur mélodique (2e mesure du chiffre 2).

On avait déjà entendu ces 2 versions du mode mineur utilisées de façon très rapprochée, mais jamais en même temps. Et pour être sûr qu’on a compris la subtilité, Ravel reproduit cet effet en marche harmonique un degré en dessous.

Comme toujours le raffinement de l’orchestre entourant le piano suscite l’admiration. Et la réexposition du thème au cor anglais est vraiment magnifique.

Une version que j’apprécie particulièrement du London Symphony Orchestra à écouter sur YouTube. Le mouvement lent débute à 10mn.

Sergiu Celibidache, London Symphony Orchestra

eBonne écoute et dites-moi si vous aimez d’autres versions. 

Une réponse à “Un joyau musical : le mouvement lent du concerto en sol de Maurice Ravel”

  1. Avatar de LE BOURHIS Franck

    Merci beaucoup pour votre analyse, une fois encore!
    Et puisque vous proposez de vous donner d’autres versions, après écoute de Michelangeli- Celibidache-LSO, je reste sur ma préférée: Martha Argerich-Krivine-ONF
    Essentiellement car je sens beaucoup plus de vie, voire d’animalité dans cette version et que c’est ce que j’attends dans ce concerto.
    Et j’avoue adorer le solo du cor anglais de Laurent Decker et si vous regardez attentivement, vous verrez que la soliste aussi salue la fin de son solo par un petit sourire complice, tout comme elle salue les acrobaties du basson dans le 3°mvt.
    Bien entendu, l’époque des 2 versions n’est pas la même.
    Pour me contenter pleinement, j’aurais sûrement adoré Argerich-Celibidache-ONF…
    Il faudra demander à Chat GPT de redistribuer les rôles et ce sera parfait! 😂

    Et même si je ne fais jamais de retours, merci beaucoup pour vos pensées musicales hebdomadaires.

    Musicalement vôtre,

    Franck LE BOURHIS

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