Où placer ces 3 accords dans la phrase musicale ?
Il faut savoir où placer le bon accord et au bon moment. Cela requiert une bonne connaissance de la palette d’accords possibles et l’aptitude à disposer ces 3 accords de base de manière à les enchaîner aisément.
Bien interpréter demande une excellente connaissance solfégique et des capacités techniques. D’une part, bien connaître toutes les subtilités de la partition pour être sûr de jouer ou chanter ce que le compositeur a voulu. D’autre part avoir travaillé la façon de les maîtriser pour un rendu de qualité.
En revanche, improviser réclame à la fois le respect de consignes imposées et la faculté d’utiliser librement ses talents inventifs de manière à créer dans l’instant une version personnelle satisfaisante de l’œuvre.
Que faut-il pour bien harmoniser une mélodie ?
Dans mon précédent article, je vous ai donc indiqué 3 accords principaux qui fonctionnent bien en toute tonalité Majeure ou mineure. De plus la façon dont je les dispose au clavier permet à ceux qui débutent en matière d’harmonisation au clavier de les enchaîner facilement.
Restait à répondre à la question : comment savoir quel accord utiliser et à quel moment ? Je vous propose aujourd’hui d’y répondre en vous confrontant à un exemple.
Les deux préalables, avant de commencer
Il est d’abord nécessaire de déterminer (1) en quel ton principal est la mélodie à accompagner et (2) à quelle périodicité moyenne placer des accords.
- Pour ce qui concerne l’identification de la tonalité, l’armure et la note finale de la mélodie vous donnent la réponse. Dans l’exemple qui suit, il s’agit de MIb Majeur, à vous de trouver les 3 accords principaux et les jouer sur votre clavier.
- A quelle cadence allez-vous placer des accords, tel est le choix que vous devez maintenant effectuer. 1 accord par note ? Par temps ? Par mesure ?
Cela dépend du tempo indiqué ou consacré par l’usage. Un tempo lent permet souvent de placer un accord par temps, qu’il soit différent du précédent ou bien qu’il s’agisse de répéter le même accord du fait que le son ne se maintient pas au piano.
Un tempo rapide, quant à lui, facilite le fait d’espacer les accords, par exemple, tous les 2 ou 3 temps ou simplement par mesure. Le style de la mélodie implique parfois un rythme obstiné à la basse qui peut induire la vitesse d’harmonisation.
Je vous donne aussi mon choix pour l’exemple suivant :
Les notes réelles : un guide fiable pour la consonance
La consonance, c’est faire en sorte que l’accord sonne bien avec le chant qu’il accompagne. Un principe simple s’impose : puisque nous avons 3 accords à disposition, les placer sous les notes de la mélodie qui les utilise. On les appelle notes réelles.
Les 3 accords en MIb majeur sont : mib-sol-sib (I), mib-lab-do (IV) et ré-lab-sib (V). Si l’on choisit de placer un accord par mesure, on remarque qu’à la 2e mesure le chant comporte 2 notes sib et fa qui appartiennent au Ve degré. Donc on place ré-lab-sib au premier temps de cette mesure (je rappelle que le fa est sous-entendu).
De même, à la mesure 4 il n’y a qu’une note sol et le seul accord comportant un sol est mib-sol-sib. On place donc ce Ier degré sur la mesure 4.
Les notes étrangères : un enrichissement de l’accord
On appelle notes étrangères des notes qui gravitent autour des notes de l’accord (notes réelles). Elles ont chacune leur fonction, c’est-à-dire une façon de se présenter par mouvement conjoint* par rapport à la note réelle qu’elles côtoient. Je parlerai aujourd’hui de la broderie, de la note de passage et de l’appoggiature.
*Le mouvement conjoint est le déplacement d’une note à une note voisine (distante au maximum d’1 ton).
- La broderie est un aller-retour conjoint à partir d’une note réelle, par au-dessus (supérieure) ou par en dessous (inférieure).
- La note de passage permet de passer conjointement entre 2 notes réelles distantes d’une 3ce.
- L’appoggiature est un appui grâce à la note étrangère qui se trouve juste au-dessus ou juste en dessous d’une note réelle et finit par s’y résoudre.
À la mesure 1 on remarque dans la mélodie : sol, la, sib, 2 notes distantes d’une 3ce (sol et sib) reliées conjointement par un la, note de passage. L’accord qui convient pour le 1er temps est donc celui qui comprend sol et sib (notes réelles, ainsi la sera la note de passage) soit mib-sol-sib.
Pour le 2e temps (mesure 1) on reconnaît une appoggiature du sib puisqu’on entend d’abord le do (appui) puis le sib (note réelle). Ainsi l’accord du 1er temps peut rester en place (mib-sol-sib).
Il reste à harmoniser la mesure 3 où l’on constate un aller-retour à partir de la note fa (fa-mi bécarre-fa) soit une broderie inférieure puis lab et fa reliées par sol en descente soit une note de passage entre 2 notes réelles. Ceci nous conduit à choisir l’accord ré-fa-lab-sib dont on supprime la 3ce comme indiqué ci-dessus. Il est à noter que la broderie inférieure au ½ ton est la seule note étrangère à pouvoir être entendue hors de la tonalité de l’accord (ici, mi bécarre).
Pour habiller le tout, je répète la note de basse en rythme de Barcarolle.
A vous de jouer avec ces 3 accords
Si vous en avez envie, je vous propose de compléter ce texte en harmonisant la partie sans accompagnement de la même façon. Cependant, vous aurez besoin de la rubrique Pour aller plus loin de ma dernière lettre qui vous présentait 3 accords de plus.
Si vous voulez aller plus loin, ma formation 1 La création musicale au clavier vous accompagne pas à pas pour vos compositions.
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