S’il est bien un duo d’artistes qui a marqué sa génération, c’est celui de la pianiste Marguerite Long avec le violoniste Jacques Thibaud. De cette collaboration est né une institution emblématique : le Concours Long – Thibaud, destiné à soutenir et révéler les jeunes solistes les plus prometteurs.
C’est la raison pour laquelle j’attends toujours avec plaisir, tous les deux ans, le Concours international toujours organisé par la fondation Long – Thibaud. Il alterne l’épreuve de violon avec celle consacrée au piano.
Cette année les épreuves éliminatoires et la demi-finale avaient lieu au Conservatoire Claude Debussy du 17e arrondissement de Paris. Sur les 126 candidatures reçues de 18 pays, 32 pianistes ont été sélectionnés et 5 d’entre eux présentés le dimanche 30 mars au Théâtre National de l’Opéra-Comique.
Vous pouvez suivre en streaming l’intégralité des prestations des 5 pianistes interprétant chacun un Concerto entier avec l’orchestre de la Garde Républicaine dirigée depuis cette année par Bastien Still. Faites-vous plaisir : prenez le temps de suivre ce magnifique concert !
Les résultats du concours
Il est incontestable que ces 5 garçons finalistes, venus du Canada, de Chine, de Corée du Sud et du Japon méritaient leur place en finale et les prix qu’ils ont remportés.
Kim Sae-hyun, a été couronné premier prix de ce concours par l’éminent jury composé de 10 personnalités du monde du piano. Son interprétation du 3e concerto de Rachmaninov était impeccable, son jeu d’une très belle technique. Il faut dire que jouer à 17 ans ce long et difficile concerto avec cette maîtrise est exceptionnel.
Kim Sae-hyun fait partie de ces pianistes qui semblent vivre dans un monde à part. Aucune émotion ne transparaît dans son attitude totalement intériorisée. Que ce soit en menant au piano l’explosion orchestrale, point culminant de l’ascension émotionnelle dont Rachmaninov a le secret ou à l’annonce du résultat de son premier prix qui a une valeur internationalement reconnue, il reste impassible.
Un coup de cœur et un regret
J’ai personnellement beaucoup apprécié Hyo Lee, 3e prix (il n’y a pas eu de 2e prix) dans le 3e concerto de Prokofiev. Un très beau toucher, son sens du rythme dans un tempo remarquable et surtout sa complicité avec l’orchestre m’ont impressionné. Le fait qu’il ait remporté le prix décerné par l’orchestre n’est pas étonnant. Ce pianiste, également violoniste de talent, a lui aussi un bel avenir dans la profession.
Un regret cependant : lors de la remise des prix sur scène aux côtés des cinq lauréats, le président de la fondation n’a pas permis aux membres du jury d’échanger, même brièvement, avec ces jeunes pianistes. Un moment de dialogue, pourtant simple à instaurer, aurait été précieux pour les artistes comme pour le public.
Cela aurait été bénéfique tant pour les jeunes que pour tous ceux qui étudient le piano et rêvent de se trouver à leur place ! Et ce n’est certainement pas mon condisciple du conservatoire et ami François-René Duchâble, membre de ce jury qui a souvent remis en question les conventions paralysantes des concerts qui me contredira.
A suivre absolument !
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