Vous, fin lecteur de mes articles, pourriez très bien me faire remarquer que je parle toujours du demi-ton sans préciser sa qualité et m’en demander raison. Je devance donc l’observation tout à fait justifiée et je m’explique aujourd’hui sur la nature des demi-tons, diatoniques ou chromatiques.
Savez-vous distinguer un ½ diatonique d’un ½ chromatique ?
En consultant une théorie musicale, vous pouvez trouver l’explication suivante : il existe deux sortes de demi-tons, le ½ ton diatonique et le ½ ton chromatique. Un ton est formé d’un ½ ton diatonique + ½ ton chromatique.
Exemple :
do-do# ( ½ ton chromatique) + do#-ré ( ½ ton diatonique) = do-ré (1 ton).
Un moyen mnémotechnique complète souvent cette explication :
- pour le ½ ton Diatonique les noms des deux notes concernées sont Différents (do différent de ré), alors que …
- pour le ½ chromatique ils sont semblables (do dans les deux cas) !
Pouvez-vous les distinguer à l’écoute ?
Probablement pas du fait que le système tempéré a été mis en place. Ce système a placé le demi-ton, qu’il soit chromatique ou diatonique à l’exacte équidistance. C’est-à-dire à dire précisément au milieu des deux sons formant un ton.
C’est ce qui permet au piano de ne compter que 12 touches (7 blanches et 5 noires dans l’octave. Mais des claviers expérimentaux » dès le XVe siècle, comportant plus de 12 notes par octave (…) permettaient de distinguer le demi-ton chromatique du demi-ton diatonique » comme l’archicembalo. Ref : dictionnaire du musicien de Marc Honegger : Enharmonie
Seules des oreilles ultra-sensibles permettent de distinguer actuellement la différence entre ces deux natures de demi-ton quand un instrumentiste à cordes frottées les exécute. Par exemple quand un quatuor à cordes joue le mouvement lent du 1er quatuor de Debussy en Réb Majeur qui se termine sur un accord parfait Réb-fa-lab et leurs doublures.
Par exemple, le ré bémol du violoncelle est placé ½ ton diatonique au-dessus de do et ½ chromatique en-dessous de ré. Il existe une unité de mesure théorique nommée le comma qui est la 9e partie du ton, elle permet de différencier le ½ ton diatonique (dans mon exemple do-réb = 4 commas) du chromatique (do-do# = 5 commas).
Réb est donc placé un demi-ton diatonique soit 4 commas au-dessus de do et ½ ton chromatique soit 5 commas en-dessous de ré. Le système tempéré a unifié l’emplacement des ½ tons à distance de 4 commas et demi (voir ci-dessous le schéma).
Les instrumentistes à cordes règlent la hauteur exacte du son par la grande précision avec laquelle ils positionnent leurs doigts sur la corde quand ils jouent l’accord réb-fa-lab. Ils s’accordent donc ½ comma soit 1/18e de ton plus bas que ce même accord joué au piano. Je pense qu’eux seuls distinguent vraiment cette différence minime. Cependant, la sonorité de leur accord est vraiment très agréable et irremplaçable !
Quand ces notions sont-elles utiles ?
Voilà pourquoi dans mes formations en rapport avec la composition au clavier, instrument tempéré par excellence, il est rare que je distingue le chromatisme du diatonisme en rapport avec les demi-tons. Quand je donne un cours ou une formation d’harmonie, il en va autrement. En effet le nom et la composition des intervalles que l’on utilise dans les accords peut changer du tout au tout selon qu’il s’agisse d’un ½ ton diatonique ou chromatique.
Exemple
Prenons un exemple : les intervalles mélodiques augmentés sont très rares en harmonie. On les considère disgracieux et on vérifie chaque voix pour éviter ce type d’intervalle en particulier dans l’écriture pour chœurs. Vous éviterez une quarte augmentée (do-fa#) pour cette raison. Mais une quinte diminuée (do-solb) acceptée. Pourquoi ?
La quarte augmentée est composée de 3 tons + ½ ton diatonique (= quarte juste) et, puisqu’elle est augmentée on ajoute ½ ton chromatique
= 3t + ½ d + ½ c = 4 tons
La quinte diminuée est composée de 4 tons + ½ ton diatonique (= quinte juste) et, puisqu’elle est diminuée, on retire ½ ton chromatique
= 3t + ½ d + ½ td = 3 tons et deux ½ tons diatoniques
On constate souvent qu’à cause des fonctions d’accords et de leurs résolutions le mouvement mélodique do-solb qui, souvent s’enchaînera avec une descente est aisé et naturel vocalement (do-solb-fa). Par contre, l’enchaînement vocal do-fa# est difficile à bien réaliser. Une situation qui le favorise est l’utilisation du fa# comme note étrangère : accord altéré ou encore appoggiature inférieure du sol, enchaînement qu’a sublimé Leonard Berstein dans le thème ‘Maria’ de West Side Story.
Mis à part ce genre de cas bien particuliers, la précision entre ½ diatonique et chromatique n’est guère nécessaire, raison pour laquelle je me contente souvent de parler du ½ ton sans le qualifier dans mes interventions
Auquel cas, une question vient nécessairement à l’esprit : Pourquoi garder deux façons d’appeler la même note, avec un dièse et avec un bémol ?
La suite dans mon article dièse ou bémol, il faut choisir !
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