Les 7èmes d’espèces, accords consonants du XXe siècle

Quel point commun y a-t-il entre les premiers accords de la 1ère Gymnopédie d’Erik Satie, et celui du prélude VIII La fille aux cheveux de lin de Claude Debussy (1er volume), pièces pour piano qui ont d’abord surpris, puis connu leur succès au début du XXe siècle ?

Les 7èmes d’espèces,  une sonorité rare, mais riche 

J’ai toujours aimé enseigner ce chapitre dans mon cours d’harmonie, car il introduit des sonorités très riches grâce au rapport de 7e, ou de seconde, avec la fondamentale de l’accord. Quel que soit l’état de l’accord, ça sonne bien.

Les compositeurs classiques et romantiques en ont usé avec parcimonie, mais aussi délectation. Par exemple le début du 2e mouvement du 2e concerto de BRAHMS pour piano, l’Allegro appassionato, en RE mineur commence par un accord du Ier degré (ré-fa-la) plaqué par le piano (mesure 3) alors que l’orchestre y rajoute la basse sib mesure 5, ce qui donne la 7e sib – ré- fa – la. (Depuis cette semaine, vous retrouvez ce démarrage dans mon dictionnaire L’harmonie, Quesaco ? où je le joue au piano pour illustrer ma définition du mot anacrouse.)

Néanmoins, si on y regarde de plus près, comme je l’explique dans mon focus, Brahms prépare la 7e (dans l’accord ré-fa-la) et la résout en descendant conjointement sur le sol (mesures 5 et surtout 7). Ces précautions d’usage montrent bien que la 7e était toujours considérée comme une dissonance.

Banalisation de la 7ème 

C’est en cela que le pianiste du cabaret « Le clou » à Montmartre, peut-être peu considéré par certains, mais très apprécié par Debussy est innovant quand il plante les deux 7es d’espèces Majeures de Ré Majeur dans sa 1ère Gymnopédie, sans préparation et sans résolution.

Voilà pourquoi aussi je termine ma démonstration dans ce focus en jouant le début d’une musique de film mondialement célèbre : celle d’un homme et une femme de Francis Lai qui, lui aussi, fait de l’accord de 7e majeure la couleur principale de sa partition, la faisant même glisser en descente chromatique. La « couleur » de l’accord de 7e est devenue courante et même banale tant et si bien qu’en chiffrage américain, pour le Jazz, la musique sud-américaine (bossa par exemple), quand on voit écrit C, le réflexe est de jouer, non pas un accord do -mi-sol, mais, en y rajoutant la 7e do -mi-sol-si !

La réponse dans ce Focus

Les tableaux

Vous allez trouver, ci-dessous, les tableaux des chiffrages d’accords de 7èmes autres que la 7ème de dominante.

Retour à l’accueil

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *