Ou comment organiser une Flash-Mob
Vous l’avez certainement compris dans la première partie de l’article, le mardi 13 décembre 2016 était le jour où j’ai organisé une flash-mob à Bordeaux avec mes élèves du Pôle Supérieur de Musique et de Danse de Bordeaux.
Je saisis aujourd’hui cette occasion pour vous raconter, à l’aide de cette expérience exaltante, comment s’organise une Flash Mob afin qu’elle soit une réussite !
Choix du lieu
J’avais d’abord pensé à la gare de Bordeaux qui met un piano droit à disposition des voyageurs de passage, mais cela n’a pas été possible pour deux raisons : des travaux et des questions de sécurité dues aux attentats. Un étudiant m’a alors parlé de ce magasin en forme de rotonde occupant la place des Grands hommes.
Les critères de choix sont :
- Un lieu de grand passage où l’effet progressif de surprise fonctionne bien
- Un lieu suffisamment vaste pour permettre l’évolution des musiciens et le cas échéant des danseurs sans bloquer complètement (ou le moins longtemps possible) le passage car il y aura toujours des passants qui ne s’arrêteront pas, ne serait-ce que par nécessité absolue (exemple : ne pas rater son train dans une gare).
- Un lieu qui ‘sonne’ correctement ! Il ne faut pas être trop difficile dans ce domaine.
- Un lieu public ou semi-public, ce qui m’amène au point suivant.
Les autorisations
L’espace public est réglementé. On ne peut pas faire n’importe quoi n’importe où. Après avoir beaucoup cherché longtemps à l’avance, un étudiant m’a signalé la présence du piano droit à la Galerie des grands hommes, espace semi-public. Nous sommes allés avec lui, au nom de ma direction, demander l’autorisation de réaliser la Flash Mob dans ces locaux à la présidente de l’association des commerçants de cet endroit en présence de l’autorité de sécurité des lieux.
Il faut présenter un projet bien ficelé en détaillant tout l’enchainement des évènements prévus et en abordant tous les problèmes d’organisation qu’il génère, essayer de penser à tout. Dans ce cas précis…
- Quels emplacements étaient possibles (acoustique et sécurité) dans les 4 niveaux de la Galerie, pour que les étudiants puissent jouer correctement ?
- Comment les étudiants pouvaient-ils arriver en plein hiver, prêts à jouer aux différents emplacements prévus, leurs instruments accordés ?
- Comment les danseurs pouvaient-ils apparaître et où allaient-ils avoir la place d’évoluer ?
Les solutions ont été les suivantes : les étudiants arrivaient discrètement avant 9h au compte-goutte dans l’atelier du luthier de l’opéra de Bordeaux qui se situe en bordure de la place. Cet homme très coopératif et connu des étudiants leur a permis de laisser leurs affaires, manteaux, boîtes d’instruments et sacs, le temps de la prestation et de s’accorder préalablement dans son atelier. Certains étudiants (ils étaient 20 musiciens et une dizaine de danseurs en tout !) laissaient leurs affaires dans une boutique et ressortaient prêts à jouer.
La partition musicale
Il faut choisir une partition répétitive style chacone ou passacaille que l’on peut faire tourner en boucle. En ce qui nous concerne cette année là c’est chaque étudiant qui a composé sa partition, sous ma supervision, sur la grille de la Gymnopédie de Satie scindée en 2 parties, la 2e servant de Coda pour finir.
Un chef, visible par tous, devient nécessaire à partir du moment où tout le monde joue et où l’on passe à la Coda. Il reste alors à déterminer à quel moment chaque interprète entre dans la partition ce qui demande un timing précis.
Les répétitions
Tel un puzzle qui s’assemble des répétions partielles par groupes de musiciens d’un côté, les danseurs de l’autre doivent être regroupées dans une vaste salle (de danse ou préau d’école, etc). Puis il faut faire le repérage in situ. Nous avions, quant à nous, demandé l’autorisation d’accéder aux lieux après la fermeture du magasin quelques jours avant l’évènement. Cela nous a permis de constater les derniers détails matériels à régler.
Le jour J
Le réglage des entrées est peut-être le plus délicat. En effet si un musicien doit faire son entrée dans l’œuvre par exemple à 9h45, il a dû préalablement pénétrer dans les lieux, simuler le fait d’être un visiteur, déambuler juste le temps qu’il faut, aller chercher son instrument le cas échéant et se trouver à l’emplacement prévu au moment prévu.
J’avoue avoir vécu tout cet évènement avec délices voyant tourner tel un manège tous les acteurs de cette Flash Mob et entendant ce crescendo magistral remplir ce lieu jusqu’à l’apothéose qui, après les longs applaudissements, fut pour moi la déclaration d’un commerçant qui avait figuré parmi ceux qui avaient été les plus réticents à accepter cette représentation : téléphone à la main, il me déclare
– « J’ai tout enregistré et vous revenez quand vous voulez et autant de fois que vous voulez ! »
Mais pour terminer, je n’ai jamais eu d’enregistrement…
Lire la première partie Erick Satie aux Grands Hommes- Partie 1
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