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L’accord de sixte version allégée de l’accord de quinte

Tout accord de 3 sons, dit de quinte peut se renverser sur un accord de sixte. Ce renversement contient les mêmes notes, mais sa basse n’étant plus la fondamentale, il est en quelque sorte allégé. 

La préparation de l’accord de dominante

Comme son nom l’indique l’accord placé sur la dominante, qu’il soit à 3, 4 sons ou plus est l’accord clé de la tonalité. Trois des quatre grandes cadences utilisent cet accord.

C’est là que j’attire votre attention sur deux accords qui préparent souvent l’arrivée de la dominante : ceux du IVe et du IIe degré.  

L’accord de quinte du IVe degré adopte la couleur du mode de sa tonalité : il est parfait Majeur en Majeur et parfait mineur en mineur. C’est un accord principal des deux modes. 

L’accord de quinte du IIe degré est en décalage. Il est parfait mineur en Majeur et de quinte diminuée (avec tierce mineure) en mineur.

C’est un accord secondaire en Majeur et d’une utilisation délicate en mineur à cause de sa quinte diminuée ou quarte augmentée selon l’agencement.  

Voici en DO Majeur et DO mineur des exemples de préparation de cadences.

La sixte synthèse

Un emploi courant de ces accords en musique baroque et classique consiste à regrouper ces deux accords en un seul. Cet accord-synthèse a

• la basse de l’accord du IVe degré, la sous-dominante,
• les notes de l’accord du IIe degré en accord de sixte,

Selon les cas l’analyse de cet enchaînement extrêmement fréquent peut varier.

La sixte altérée

C’est là qu’on trouve dans de nombreuses œuvres, une version modifiée (on dit altérée) de cet accord de sixte du IIe degré en mineur, qui évite l’utilisation délicate de la 5te diminuée (ou quarte augmentée selon la disposition de l’accord). Cet intervalle a longtemps été considéré comme une sonorité à bannir. 

Cette altération de l’accord consiste à abaisser la sixte d’1/2 ton chromatique pour obtenir à la place de l’intervalle de quarte augmentée ou quinte diminuée, une quarte juste comme sur les autres degrés.*

*Les VIIes degrés des deux modes ont eux aussi une quinte diminuée ou quarte augmentée, mais ces accords sont souvent employés comme accords à 4 sons sans fondamentale dans lesquels les deux sons qui composent cet intervalle instable ont une résolution contraire, la sensible vers la tonique et la 7e vers la médiante.

Et en Majeur ?

Alors que la sixte napolitaine en mineur, ne nécessite qu’une altération, celle de la sixte, son emploi en Majeur est moins fréquent, car il en exige deux. Celle de la sixte ET celle de la 3ce qui au IIe degré est Majeure.

Là aussi l’altération consiste à l’abaisser d’1/2 ton chromatique. De ce fait la sixte napolitaine de deux tonalités homonymes (de même tonique, mais l’une Majeure, l’autre mineure) est identique. 

S’agit-il d’une modulation ?

Le fait d’altérer cet accord de sixte du IIe degré a-t-il comme effet de produire une modulation ? Absolument pas. Les accords altérés, comme la sixte napolitaine, contiennent une (ou plusieurs notes) dont l’altération diffère de la tonalité à laquelle ils appartiennent de façon passagère. 

Pour les analyser, on note d’ailleurs le numéro du degré avec la mention alt. qui signifie que le degré est exceptionnellement altéré hors tonalité. La suite de la phrase est toujours dans la même tonalité.

Bien sûr, le compositeur peut se servir de cet accord pour moduler. Comme une sorte de pont commun qui relie deux tonalités lointaines, puisqu’il s’agit de deux tonalités distantes d’1/2 ton diatonique ce qui représente 5 crans dans le cycle des quintes. Par exemple de REb Majeur à DO Majeur.

Et la quinte, et la tonalité…

À partir de cet accord de sixte napolitaine, une porte peut donner accès à des dérivés :

• la quinte napolitaine : le même accord altéré du IIe degré en état fondamental qui récupère une quinte juste
• la sixte et quarte napolitaine autre renversement altéré de même qui récupère une quarte juste
• la tonalité napolitaine avec toute sa panoplie d’accords

Et voici une recette pour finir : pourquoi ne pas moduler à partir d’un ton principal jusqu’à sa tonalité napolitaine (1/2 ton diatonique au-dessus) y présenter son thème et par le jeu de l’accord de sixte napolitaine récupérer soudainement la dominante du ton principal pour terminer votre composition ?

En complément :

Sixte, définition 41 du dictionnaire Quésaco l’harmonie