Le rythme chez Beethoven

Partition manuscrite de Beethoven - Gallica-

Je voulais aborder aujourd’hui le rythme chez Beethoven. Pourquoi ? Parce qu’improviser, composer, interpréter la musique implique la maîtrise d’un élément essentiel au langage musical : le rythme.

Pour en parler, j’utilise cette semaine les partitions d’un compositeur qui a fait preuve d’une liberté d’invention remarquable pour son époque : Ludwig Van Beethoven. Vous trouverez à la fin la vidéo illustrant les exemples choisis. Pour le dernier exemple, un lien vous permettra d’écouter une version violon-piano.

La liberté rythmique de la phrase musicale chez Beethoven

Que vous ayez à écrire une chanson, composer une musique pour coller à une image, accompagner une chorégraphie ou tout simplement créer une séquence d’une œuvre, la base est la même : choisir une mesure – binaire ou ternaire, régulière ou irrégulière – et un tempo !

C’était d’autant plus vrai à l’époque de Beethoven. Or, très souvent, ce dernier surprend dès le départ par son organisation de la phrase musicale.

On y trouve une diversité de rythmes, de nuances, d’accents mettant en valeur différents motifs mélodiques. C’est, bien sûr le cas lorsqu’il s’agit d’une introduction comme dans la célèbre sonate opus 111 (écouter mon exemple n° 1 dans la vidéo ci-dessous), mais également quand Beethoven entre de suite dans le vif du sujet comme par exemple dans sa sonate pour piano et violon dédiée à Saliéri Opus 12 n° 3 (écouter mon exemple n° 2 dans la vidéo ci dessous).

Les formules rythmiques obsessionnelles chez Beethoven

Dominique Porte dans le Dictionnaire du musicien (Marc Honegger) fait remarquer que « certaines musiques ethniques, au contraire de notre musique occidentale, privilégient l’aspect rythmique et ne font intervenir les degrés de l’échelle pentatonique qu’à la manière d’une coloration de la forme rythmique ».

L’écoute de thèmes beethovéniens procure la même sensation. Par exemple comment ne pas penser que le célébrissime thème de la 5e Symphonie de Beethoven n’est pas d’abord un rythme pensé par le compositeur qu’il a ensuite coloré de 4 notes : les 3 premières répétées et la 4e seule, une tierce plus bas ?

Un exemple intéressant de rythme caractéristique se trouve dans le Finale de la Sonate Opus 10 n° 1 pour piano. Le motif rythmique caractéristique sera répété 47 fois (écouter mon exemple n° 3).

Les effets rythmiques innovants dans les œuvres de Beethoven

Enfin Beethoven nous réserve des surprises rythmiques vraiment intéressantes.

  • L’utilisation des nuances, des contre-appuis et des silences (Introduzione du rondo de la sonate n° 21 Opus 53 pour piano. (Écouter mon exemple n° 4)
  • L’écho (Scherzo de la sonate opus 24 dite Le printemps pour violon et piano. Écouter l’exemple n° 5 en suivant le lien ci-dessous*) : le principe est simple, à l’entrée du violon, alors que les 5 premières notes du thème sont semblables aux 2 instruments, les 6 suivantes (3×2) fonctionnent en écho. Le piano d’abord et le violon, ensuite, décalé d’un temps, procédé employé jusque dans la cadence parfaite finale. 

*La tribune des critiques de disques a placé, en écoute à l’aveugle, le duo Itzak Perlman – Vladimir Ashkenazy pour cette sonate. Je partage totalement ce choix. Suivre le lien ici pour écouter la totalité de la sonate. Le Scherzo (très court) se trouve à 16′ 25″.

Et maintenant ? Création musicale et agencement rythmique

Il est évident que les figures rythmiques ont connu des bouleversements et des complexifications extraordinaires depuis Beethoven. Mais l’esprit d’invention dans ce domaine ne doit pas faire oublier au compositeur qu’une œuvre, très souvent, pour être réussie, doit toucher l’auditeur par l’effet que produit son agencement rythmique.

Un réglage ingénieux en est certainement à l’origine, mais l’important est que la sensation finale semble parfaitement aboutie. Ensuite, que ce soit chez Debussy, Stravinsky, Bartok ou Dutilleux, charge à celui qui veut comprendre comment ça marche d’aller analyser la partition !

Que ces maîtres ne nous fassent pas peur ! Il y a de la place pour tous les créateurs : chacun dispose de 12 sons et de combinaisons rythmiques au nombre infini, alors à vous de jouer. 

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