Je vous ai raconté le plaisir que j’ai eu d’assister au spectacle de Julien Joubert et en particulier son explication hilarante de la transposition. Mais pourquoi fait-elle tant rire les musiciens ?
Et au fait, qu’est-ce que la transposition ? Voyons cela aujourd’hui.
Un dictionnaire s’achève
En décembre 2022 j’ai commencé à réaliser un dictionnaire illustré : Quèsaco l’harmonie : 52 définitions permettant à l’apprenti compositeur, et/ou harmonisateur de découvrir les termes fondamentaux utiles à son art.
Ce dictionnaire musical se distingue par son format vidéo, chaque entrée permettant de présenter une notion musicale. Cette notion est expliquée au tableau et ensuite illustrée au piano pour montrer comment les compositeurs l’ont appliquée. L’enregistrement des dernières définitions est désormais achevé. Découvrons maintenant la définition de la « transposition ».
En quoi consiste le fait de transposer ?
Toute œuvre de musique tonale repose sur une tonalité principale, dont l’armure figure à la clé et des modulations. On appelle cet ensemble de modulations consistant à partir puis revenir au ton principal, le plan tonal.
Transposer cette œuvre, c’est la jouer en décalant sa tonalité principale et tout son plan tonal à l’aide d’un intervalle de transposition. Imaginons, par exemple, un morceau de piano écrit en SOL Majeur.
Le compositeur module successivement en
- MI mineur, revient en SOL Majeur puis passe en Ré Majeur, LA Majeur, LA mineur, DO Majeur et finit en SOL Majeur.
Je décide de le transposer à une seconde majeure inférieure. Le ton principal devient FA Majeur et le plan tonal devient :,
- RE mineur, FA Majeur, DO Majeur, SOL Majeur, SOL mineur, Sib Majeur et FA Majeur.
Toutes les notes de la partition doivent être descendues d’une seconde majeure. Bien sûr les rythmes demeurent identiques. On reconnaît parfaitement l’œuvre avec ses mélodies thématiques, ses accompagnements harmoniques. La « couleur » musicale en est quelque peu modifiée par les changements de tonalité.
Pourquoi transposer ? 1er cas de figure
Je démontre, dans la vidéo, trois cas de figure où la transposition d’une œuvre est utile.
Dans le cas d’une mélodie, quand la partition comporte un passage trop aigu ou trop grave pour la chanteuse ou le chanteur. Abaisser ou monter quelque peu le tout facilite l’exécution. Cela rappelle aux compositeurs de bien tenir compte de la tessiture des voix des chanteurs auxquels on destine sa partition.
En voici un rappel :
Pourquoi transposer – 2ème cas de figure
Quand un instrumentiste veut jouer une œuvre écrite pour un autre instrument que le sien. Certains instruments ont peu de répertoire et jouer des pièces empruntées à un autre instrument est très agréable.
Mais les tessitures, si elles se rapprochent l’une de l’autre, ne sont pas exactement les mêmes.
Par exemple le violoncelle et le basson diffèrent quelque peu.
Transposer la partition de manière à pouvoir la jouer dans sa tessiture est aussi un cas de figure bien pratique.
Les instruments transpositeurs
Voici le point le plus délicat pour un compositeur : se familiariser avec ce qu’on appelle les instruments transpositeurs.
On range les instruments en deux catégories :
- Les instruments en ut (en do) : le piano, la flûte, le violon, par exemple. Quand ces instruments JOUENT un do, on entend un do !
- Les instruments transpositeurs : ce sont ceux pour lesquels ce n’est pas le cas. À cause de la conception de leur instrument, quand ils JOUENT un do, on entend une autre note.
Voici quelques exemples :
Pourquoi transposer – 3ème cas de figure
Si c’est un instrument transpositeur qui veut jouer une partition écrite en ut, pour un instrument non transpositeur que faut-il faire ?
Imaginons, comme dans la vidéo, une clarinette Sib qui veut interpréter une partition pour violon. Quand le clarinettiste joue un do, on entend un sib, c’est-à-dire une seconde majeure (1 ton en dessous).
Si la partition en ut est écrite dans le ton principal de LA Majeur, en quel ton pensez-vous qu’il doive jouer pour qu’on entende LA Majeur ?
Si vous suivez bien, vous avez répondu SI Majeur, une seconde majeure au-dessus de LA.
Bravo !
Deux méthodes pour transposer
- Recopier la partition. Ceci dit d’excellents logiciels existent maintenant pour effectuer cette transposition automatiquement.
- En cas d’urgence, certains musiciens professionnels sont capables de transposer à vue. Notre clarinettiste doit :
- Changer la clé de sol en clé d’ut 3 (avec octava alta perpétuelle) : le décalage fait en sorte qu’un la devient un si et ainsi de suite.
- Ajouter 2 dièses à l’armure principale
- Hausser d’un demi-ton chromatique les altérations accidentelles (en cours de morceau) devant fa et do.
Pour bien, comprendre cela, regardez la vidéo…
Et la méthode Joubert ?
Vous comprenez maintenant pourquoi Julien Joubert nous fait rire sur ce sujet dans son spectacle. Transposer c’est entièrement décaler un morceau. Julien déplace simplement sont tabouret de piano vers la tonalité choisie !
Laisser un commentaire