2/2 Les 9es de dominante et leurs 3 états, des accords utiles

(solution de la basse chiffrée que je vous proposais de réaliser dans l’article précédent en bas de page)

Je reprends le fil de ma présentation sur les accords de 9e et, en particulier, des 9es de dominante et leurs 3 états.

Comme les triades (accords à 3 sons) et les tétrades (accords à 4 sons) , les accords à 5 sons peuvent s’utiliser à l’état de renversement. 

Mathématiquement ils devraient se décliner en un état fondamental et 4 renversements. Voyons pourquoi ce n’est pas le cas.

  • Aux compositeurs : la 9e enrichit incontestablement l’accord habituel de dominante, en Majeur comme en mineur ;
  • aux arrangeurs : dans tout arrangement, quel qu’en soit le style, les 9es ont leur place,
  • aux improvisateurs : le passage par la dominante est un passage obligé, bien connaître la version à 5 sons est très utile ;
  • aux auditeurs éclairés : analyser une partition qu’on a le bonheur de posséder pour mieux savourer les finesses de sa conception demande une bonne connaissance des accords comme celui de 9e de dominante ; 
  • aux élèves de cours d’harmonie : les cours consacrés à cet accord sont essentiels notamment dans la compréhension et l’imitation des styles. L’étude du romantisme puis de l’école française des compositeurs de la fin du XIXe et le début du XXe siècle requiert une bonne connaissance de cet accord.

Nous avons vu dans l’article précédent que la 9e des 9es Majeures ou mineures de V pouvait être employée comme appoggiature ou échangée avec une autre note de l’accord V ou enfin se résoudre en descendant conjointement comme une sorte de super 7e. 

Mais qu’en est-il des renversements ?

Pour faire connaissance avec les états renversés de ces accords, il faut savoir qu’ils méritent un soin particulier que je vais illustrer par des exemples. Vous allez ainsi lire mes remarques puis les vérifier en suivant la vidéo où je joue et commente ces dispositions d’accords.

Alors que les sons des triades et des tétrades sont permutables à l’envi, la 9e est naturellement placée dans les voix médiaires et supérieures. Pourquoi ?

C’est une question de sonorité. Voici 5 exemples : 

  • Accord a : la 9e majeure (la) ou mineure (lab) est placée dans le grave à la basse, donc sous la fondamentale (sol). L’accord est incompréhensible.
  • Accord b : la 9e majeure (la) est prise en sandwich entre, en dessous et à distance de seconde, la fondamentale (sol) et au-dessus et à distance de seconde, la sensible (si). On commence à comprendre cet accord, mais les 3 notes voisines sol, la et si brouillent la sonorité.
  • Accord c : la 9e majeure (la) est bien placée à distance de 9e et non de 2de de la fondamentale (sol). La sonorité s’éclaircit. Néanmoins cette disposition a été déconseillée jusqu’à et y compris l’époque classique en raison du fait que la 9e (la) est placée en dessous et à distance de seconde de la sensible (si). Les compositeurs romantiques comme Schumann et surtout Brahms ont magnifié cette disposition qui ne pose plus aucun problème dans notre oreille.
  • Accord d : la 9e mineure (lab) est placée à distance de seconde mineure de la fondamentale et cette dissonance gêne l’audition.
  • Accord e : la 9e majeure (la) ou mineure (lab) est placée à une distance de 9e de la fondamentale (sol) et l’accord est parfaitement intelligible.

Vérifiez maintenant ces remarques en suivant la vidéo :

Ainsi, c’est essentiellement la place et la distance entre la fondamentale et la 9e, qu’elle soit Majeure ou mineure qu’il faut soigner : 

  • la 9e ne doit pas être placée en dessous de la fondamentale ni à distance de 2de au-dessus de celle-ci pour que l’accord ait tout son sens. Sa vocation n’est donc pas de se trouver dans le grave des accords.

L’état le plus fréquent de ces accords de 9e de dominante est donc l’état fondamental avec la 9e à l’aigu.

Voici un exemple de la façon dont Mozart les utilise dans l’Allegro du 1er mouvement de sa 5e symphonie :

D’une part, puisque la 9e ne peut être entendue sous la fondamentale, le 4e renversement construit sur la 9e est impossible.

D’autre part la suppression de la quinte initiale à 4 voix ne permet pas le 2e renversement qui devrait être construit sur cette quinte. Même à 5 voix, cet accord est peu intéressant et quasi inusité.

Résultat : à part son état fondamental fréquent, l’accord de 9e de dominante avec fondamentale, Majeure ou mineure, est utilisé uniquement dans ses 1er et 3e renversements.

Voici deux exemples tirés de la littérature pour piano de Schumann, le premier utilisant le 1er renversement de l’accord de 9e Majeure de V de Sib Majeur, le second, le 3e renversement de la 9e mineure en SOL mineur, puis, par le jeu d’une marche harmonique modulante de LA mineur.

Solution de la basse chiffrée

  1. 9e majeure de V du ton principal Majeur de SOL (1 dièse à la clé).
  2. 9e Majeure de V d’un ton de modulation MIb Majeur (ton principal Sib Majeur, 2 bémols à la clé). Ne pas oublier d’ajouter un bémol devant le la.
  3. 9e mineure de V du ton principal mineur de FA# (3 dièses à la clé).
  4. 9e mineure du ton principal mineur de RE ( 1 bémol à la clé). Attention, cet enchaînement offre la bonne surprise de se terminer sur un Ier degré altéré, la 3ce mineure attendue de l’accord, fa étant diésée donc majeure. 

Ne pensez pas que j’en aie fini avec les 9e de dominante, car il me faut encore parler de cet accord qui peut prendre une autre forme beaucoup plus légère et maniable. Pour savoir laquelle, il vous faudra attendre un épisode suivant…

A consulter : Appoggiature : 7 , Neuvièmes : 32

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