Nous continuons aujourd’hui notre investigation à propos de l’accord de 9e. Après avoir écouté les différentes sonorités possibles de 9es, nous être arrêtés sur celles, Majeure et mineure du Ve degré avec fondamentale, nous abordons maintenant, une version plus légère de cet accord à 5 sons, en Majeur.
L’élégance de la 9e de dominante
Il est facile de comprendre que le maniement de cet accord à 5 sons n’est pas chose facile. Un état fondamental et deux renversements usités dans lesquels la 9e, la 7e et la sensible ont des résolutions obligatoires contraint.
Les positions respectives de ces sons doivent aussi être surveillées pour que l’accord soit intelligible. Tout cela a forcément conduit les compositeurs à penser une version plus simple de cet accord.
Comment ? En utilisant la 9e de dominante sans sa fondamentale. Voici un exemple, en DO Majeur des 4 états possibles de cet accord. Nous examinerons ensuite deux questions que cela suscite.
Un accord à 4 ou 5 sons ?
- Cet accord ne doit-il pas être considéré comme un accord à 4 sons ?
- Non. Il s’agit bel et bien d’un accord de 9e. Cela signifie qu’en position de tierces superposées, il y a une 9e entre le son le plus aigu et la fondamentale qui est sous-entendue.
Ici l’adjectif « sous-entendue » n’a jamais mieux porté son nom puisqu’on ne l’entend pas dans l’accord mais elle joue un rôle, celui du Ve degré qui déclenche la présence d’une sensible, d’une 7e et d’une 9e à résolutions obligatoires.
Le même phénomène se produit dans la catégorie des accords de 7e de dominante, à 4 sons. Leur version sans fondamentale n’en comprend que 3, la fondamentale étant sous-entendue.
Un accord à 4 ou 5 états ?
- Pourquoi n’y a-t-il pas d’état fondamental ?
- Cet accord ne possède que 4 états de renversement. L’état fondamental étant celui dans lequel la basse est la fondamentale et cette dernière n’étant pas présente dans l’accord mais sous-entendue, celui-ci ne peut avoir d’état fondamental.
Ce serait une erreur que d’attribuer le rôle d’état fondamental au 1er renversement construit sur la sensible. La preuve en est que cela décalerait les chiffrages qui, dans tous les accords de dominante sont apparentés.
Remarquez ce tableau ci-dessus : tous les chiffrages classiques des accords de dominante à 4 et 5 sons présentent des ressemblances dues aux fonctions des différents états.
A 4 comme à 5 sons, décaler le 1er renversement en état fondamental annulerait cette logique de chiffrages pour les accords sans fondamentale.
Des exemples chez les compositeurs
Voici quelques exemples présentés chronologiquement dans une courte vidéo où j’explique l’état de chaque accord et son contexte.
Vous noterez qu’il n’y a plus d’obligation de disposition par rapport à la fondamentale puisqu’elle n’est pas présente dans l’accord.
Par contre, selon l’époque la 9e Majeure est obligatoirement placée au-dessus de la sensible ou bien elle finit pas être libre de tout placement.
Deux chiffrages exceptionnels
Nous avons bien compris en écoutant l’emploi de cet accord de Beethoven à Debussy qu’il est peu à peu devenu une harmonie essentielle, notamment de la musique française du début du XXe siècle.
Son chiffrage classique, par contre demeure, avec cette originalité pour les 2e et 3e renversements d’avoir une inversion de l’ordre des chiffres (habituellement décroissant de haut en bas) :
- 2e renversement : 5/+6 (au lieu de +6/5)
- 3e renversement : 3/+4 (au lieu de +4/3)
Cela tient à la fameuse règle consistant à obliger que la 9e Majeure (représentée ici successivement par le 5 et le 3) soit placée au-dessus de la sensible signalée par le signe plus (+), règle qui n’est plus d’usage au temps de Debussy.
A suivre
Bien entendu, vous attendez maintenant l’examen de la 9e mineure de dominante sans fondamentale. C’est un accord qui a une histoire très ancienne, dont les états sont très originaux.
J’en parlerai une prochaine fois.
Mais en attendant voici un petit test (je le présente et surtout je le joue en fin de vidéo) :
Trouvez l’accord de 9e Majeure de dominante sans fondamentale présent dans cet extrait du Clair de lune de Debussy pour piano. Indiquez-le par une flèche, ainsi que son chiffrage et la tonalité à laquelle il appartient.
Laisser un commentaire